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Par Joseph Darantière

Date : 17/06/2022

 

C’est désormais acquis pour toutes les entreprises : la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) est nécessaire pour la société, exigée par les besoins humains et environnementaux et portée de plus en plus par le cadre légal. Encouragée ou contrainte, elle constitue un mouvement inexorable dans lequel s’engagent directions et salariés. Sur quels moyens les entreprises peuvent-elles s’appuyer pour s’emparer de ce sujet et en faire un objectif stratégique ? Si la démarche RSE répond à des nécessités concrètes, elle peut également devenir source d’opportunité. Elle court cependant le risque, comme c’est souvent le cas pour les projets fondés sur de bonnes intentions, de manquer de concret si les instances dirigeantes des entreprises ne travaillent pas de concert avec leurs salariés. Pour ce faire, il importe donc de se rappeler les piliers de la RSE et de mesurer quelles applications concrètes peuvent être réalisées et comment s’y impliqueront toutes les parties prenantes. Dans cette optique, les directions ont à leur disposition cet outil très précieux qu’est le dialogue social, par lequel les questions de RSE peuvent devenir de réels enjeux collectifs.

 

La RSE se fonde sur trois piliers : 

 

  • La responsabilité économique, via le développement de services de qualité, le soutien des producteurs et fournisseurs locaux, la transparence et le respect délais légaux de règlement de frais.
  • La responsabilité sociale : par des politiques de recrutement et de formation justes, la garantie des conditions d’hygiène et de sécurité des employés, l’égalité professionnelle, le respect des droits des travailleurs.
  • La responsabilité environnementale : par la réduction de l’impact carbone des activités, la réduction des déchets d’entreprise, la sensibilisation des salariés aux enjeux environnementaux et l’usage responsable des ressources.

Le cadre étant posé, force est de constater qu’il ne saurait être porté par les seuls gouvernances d’entreprise. Celles-ci ont besoin de partager les enjeux de la démarche RSE avec les salariés et de les impliquer dans cette démarche. Les trois piliers , l’incitation au respect des parties prenantes sont autant de pistes concrètes du cadre pointant vers une co-construction de la politique RSE. Cela ne peut se faire que par étape, nous pouvons en évoquer quelques-unes :  

  • Mesurer le degré de sensibilité des salariés au sujets de RSE,
  • Prendre en compte l’implication des élus dans la transition écologique de leur entreprise,
  • Identifier les besoins de formation conjointement avec les salariés en s’appuyant sur leurs managers,
  • Faire de la question «  quelle empreinte laissera l’entreprise ? » un sujet collectif que s’approprie l’ensemble des acteurs…
  • Viser à transformer des coûts (les contraintes sociales et environnementales) en opportunités (améliorer la performance globale).
  • Intégrer des enjeux sociétaux (externes) au dialogue social (interne)
  • Prendre en compte le cadre légal, les enjeux juridiques et confronter les intentions du législateur et la stratégie de l’entreprise
  • Prendre en considération de nouveaux acteurs : ONG, agences de notation extra-financière, organismes de certification, instances productrices de normes

Les pistes ne manquent pas, les moyens non-plus, mais la responsabilité des directions est grande car elles doivent traiter ces sujets sans perdre de vue les préoccupations légitimes de leurs salariés (pouvoir d’achat, inflation…) et l’équilibre des priorités. En effet le cœur de métier de l’entreprise détermine son histoire, le sens du travail des salariés et la source de leur revenu y sont liés. Or la RSE peut avoir un impact sur ce cœur de métier. Sur cette question, la loi Pacte de 2019 est un outil de référence qui offre la possibilité aux entreprises de repenser leur raison d’être et d’adopter le statut d’entreprise à mission en mettant la RSE au cœur de leur stratégie. Dans cette perspective, a responsabilité des directions en matière de RSE est donc de développer une politique vertueuse qui garantisse le maintien de justes salaires et laisse une « empreinte » bénéfique pour la société et l’environnement. Vaste programme ! Fort heureusement, nous ne manquons pas de ressources et de conseillers pertinents pour penser et mettre en œuvre, de façon collective, des stratégies RSE de qualité.